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Travail mémoriel au collège Toulouse-Lautrec de Langon (33)

    Voici une présentation du travail mémoriel réalisé au collège Toulouse Lautrec de Langon par les enseignantes qui ont engagé leurs élèves dans cette démarche, Mylène Mourlanne, professeure de Français et Malika Martinen, professeure d’histoire.

    A l’initiative de la rencontre avec la compagnie Uz et Coutumes, j’avais vu « tout dépend du nombre de vaches » sur Uzeste et en 2021 j’avais demandé à Dalila de venir au collège pour présenter le spectacle avec l’idée de renforcer les liens entre les 6èmes et les 3èmes. 

    Le spectacle a beaucoup plu à mes collègues. Un projet « autour des génocides » a été repris en 3ème en 2023. Malika l’a élaboré avec une collègue d’histoire et nous étions 4 dans ce projet avec 2 classes de 3ème. 

     Pour la rentrée 2024, le projet est resté quasiment le même pour Malika mais j’ai orienté le projet avec deux de mes classes plutôt autour de la question de la transmission. Le projet de 2023 était lourd émotionnellement, les élèves ont étudié la question du génocide tous les mois et certains étaient très affectés par toutes les thématiques abordées. 

     Du coup en 2024 j’ai repensé le projet avec le titre « En voie d’abord ». Ce titre met en lumière la question du « je » dans son rapport au « tu », la façon dont on aborde l’autre, comment on dit de soi à l’autre et aux autres ; le tout en traçant une voix par la voie. La problématique retenue est : « comment un « je » parvient-il à se dire, à s’écrire et à se lire en regard de son histoire et de l’Histoire ? »

       * En histoire ils étudient les grands génocides

        *En français j’ai orienté l’analyse vers la question de la transmission à travers différentes séquences : 

    En accompagnement personnalisé (une heure tous les 15 jours), comme en 2023 ils vont créer « un carnet d’engagement » (Malika lui donne le nom de « carnet de Mémoires ») dans lequel ils vont pouvoir s’investir dans divers ateliers qui proposent diverses créations (affiches, collages, discours, scène de théâtre, poème, dessin de presse…). A la fin de l’année ils présentent leur carnet à l’oral. 

    -en français en septembre et octobre : 

    Séquence 1 : « naissance au monde : contemplation et engagements poétiques ».
    Étude de la poésie avec des textes de Gael Faye, Beata Umubyeyi Mairesse notamment.
    Visionnage du documentaire de Gael Faye « le silence des mots ».

    Séquence 2 : « le théâtre du monde où l’être-soi se cherche et ne cesse de s’écrire ».
    Analyse de la pièce Antigone de Anouilh.
    Inscription à un concours d’éloquence sur Langon.
    Travail de l’oralité, des discours.
    Analyse d’extraits de « Conjuguer, conjurer » de Dalila Boitaud, de « Vivant » de Valens Kabarari, de « l’innommable » de Adélaïde Mukantabana.
    Questionnement autour de la question de la transmission.

    Séquence 3 : Analyse du roman autobiographique de Simone Veil « Une jeunesse au temps de la Shoah ». Dans cette période (de janvier à avril), Dalila va intervenir afin de concrétiser des séances d’écriture autour de la transmission. On va installer 2 stèles dans le collège et les élèves vont positionner leurs écrits : des citations, des messages d’engagement qui seront postés dans les boites aux lettres d’habitants de Langon, des affiches tirées de leur carnet d’engagement, des enveloppes avec des lettres destinées à leur parent, des photos.
    Il y aura un temps d’échange avec les parents qui viendront découvrir le travail des enfants et liront les lettres de leurs enfants (ces lettres sont liées à des photos souvenir communes). 

    Un des début des écritures a été cette phrase, tirée d’un constat avec les classes. C’est-à-dire que la lecture ou le fait d’assister aux spectacles à lancé les élèves dans la création.
    Voici la phrase qu’ils ont retenu : 
    Parce que vos plaies, touchent au plus haut point nos vies, parce que nous avons parfois ressenti l’horreur, la gêne, la honte, le désir d’humanité et le désir d’humaniser, nous avons lancé notre âme et notre inspiration.

    • Spectacles de la compagnie au collège « tout dépend du nombre de vaches » le 31 mars et « conversation avec Marceline  » en juin. 
    • Venue de Beata Umubyeyi Mairesse autour de son texte « Le Convoi »
    • Venue de lucile Hugon, avocate et présidente de la Cie Uz et Coutumes, pour parler de la question de la justice en lien avec les génocides. 

     Ce projet initié l’an dernier (2023-2024) a énormément plu aux élèves, ils ont adoré les spectacles et les interventions même si parler de génocides tout au long de l’année a été parfois dur. 

    Cette année (2024-2025), je me suis orientée vers une écriture du partage avec la question de savoir ce que l’on fait de nos émotions, d’un vécu indicible ; voir comment l’art transcende les faits, les mots pour qu’une trace à jamais reste sublimée. Ce qui est très important pour moi c’est que les élèves s’engagent à partir de ce qu’ils ont vécu, vu ou lu et actent leur histoire et l’Histoire pour en faire un mouvement qui humanisent le rapport à soi et à l’autre, aux autres. 

    Pour l’instant, ils ont l’air contents et touchés…

    Mylène Mourlanne,
    professeure de Français au collège Toulouse-Lautrec de Langon

    Poème écrit en 2024 dans le cadre du travail mémoriel

    Le spectacle Conversations avec Marceline s’inscrit dans un projet interdisciplinaire et pédagogique plus vaste qui s’intitule  » Oser parler des génocides « . 

    Ce projet s’inscrit dans une progression pédagogique annuelle dont le titre est : mes Moires ou le désir de laisser trace, de s’engager, de dénoncer, de témoigner.

    La problématique annuelle est : comment un « je » s’écrit-il en regard de son histoire et de l’Histoire ?

    Description et objectifs du projet

    Projet mené avec trois classes de troisième en interdisciplinarité en histoire et en français. Il s’agit de faire réfléchir les élèves sur l’intérêt de connaître l’histoire des génocides, ses mécanismes, ses conséquences sur les sociétés.

    Pourquoi entendre des témoignages, pourquoi poursuivre en justice les responsables ? Pourquoi étudier des œuvres d’art qui témoignent et/ou dénoncent les génocides ? (Spectacles d’art vivant, œuvres littéraires, bandes dessinées, peintures…)

    Problématiques possibles : Pourquoi étudier des œuvres d’art aujourd’hui sur les génocides ? Comment l’art permet-il d’aborder les traumatismes de l’histoire ?

    Interventions prévues, leur durée et leur nature

    • – Cinéma : visionnage du film d’animation « la plus précieuse des marchandises » réalisé par Michel Hazanavicius (adaptation de l’œuvre littéraire de Jean-Claude Grumbert) à partir du 20 novembre 2024 pour toutes les classes de troisième.
    • – Mémorial de la Shoah : un atelier de 3 h sur la thématique du mythe de « l’antijuif » et de sa représentation en février 2025.
    • –  Spectacle Conversation avec Marceline, Cie Uz et Coutumes
    • – Spectacle « Tout dépend du nombre de vaches » + intervention de l’artiste Dalila Boitaud sur le génocide des Tutsi en mars 2025. 
    • – Rencontre avec Lucile Hugon, Adélaïde Mukantabana et Dalila Boitaud autour du thème de la justice réparatrice : évocation de la justice « des GaçaçFa », tribunaux traditionnels au Rwanda juste après le génocide de 1994.
    • – Rencontre avec Béata Umubyeyi Mairesse : autrice du livre le Convoi

    Pratiquer :  création

    – Produire un carnet de mémoire autour des génocides : chaque élève laisse une trace sur le travail de réflexion mené tout au long de l’année dans le cadre d’ateliers d’accompagnement personnalisé (dessin de presse, affiche, collage, discours ou pamphlet, poésie, saynète théâtrale, analyse d’un tableau en italien…) dans le cadre de l’accompagnement personnalisé (une heure par quinzaine). Ce carnet de mémoire sera complété par les lectures d’œuvres littéraires (Une jeunesse au temps de la Shoah de Simone Veil, Le Journal d’Anne Franck,  La plus précieuse des marchandises de jean -Claude Grumberg ,Petit Pays de Gael Faye, quelques extraits du livre Le Convoi de Béata Umbyeyi Mairesse) dont il sera fait un résumé, le choix d’un passage et la présentation de l’auteur et de l’œuvre.

    Il sera également enrichi par un compte-rendu des spectacles de théâtre joués au collège par la Cie UZ et Coutumes :  Conversation avec Marceline sur le génocide des juifs et Tziganes d’Europe et Tout dépend du nombre de vaches, sur le génocide des Tutsi au Rwanda.

    Un compte-rendu leur sera aussi demandé lors des rencontres avec les intervenantes extérieures : l’écrivaine Béata Umbyeyi Mairesse, l’avocate Lucile Hugon, la survivante Adélaïde Mukantabana et l’artiste metteuse en scène Dalila Boitaud.

    Il leur sera aussi possible d’inclure dans ce carnet de mémoire l’œuvre picturale : les inaptes au travail de David Olère et le poème Strophes pour se souvenir de Louis Aragon.

    Malika Martinen,
    professeure d’histoire au collège Toulouse-Lautrec de Langon