Depuis plus de dix ans, Dalila Boitaud-Mazaudier et la Compagnie Uz et coutumes mènent un travail de fond en mémoire des tutsi du Rwanda. La compagnie a ainsi créé trois pièces de théâtre. Et s’est engagée dans un vaste processus de recherches en mémoires croisées, en solidarités des possibles. En quête d’une rencontre entre l’art, la création, et la réalité d’un monde habité par l’horreur.
C’est lors de ces recherches qu’un lien fort s’est tissé avec le Mémorial de la Shoah, à Paris.
Grâce à cette collaboration, nous avons rencontré Marceline Loridan-Ivens.
Plusieurs fois, nous avons conversé avec cette grande dame, dans son appartement de la rue des Saint Pères. C’était très simple, des face à face avec les mots, les doutes, les générations et les enseignements.
C’était aussi très intense parce qu’au cœur de ces moments privilégiés, il y avait le plus important de nos humanités, en passés, en devenirs, en paroles et en silences.
C’était une chance unique, une leçon de vie qu’il n’est pas possible de « garder pour soi ».
Mettre en partage est devenu une nécessité, et le rendez-vous avec une forme de théâtre s’est imposé à nous. Une forme de théâtre en humilité et en respect de ces conversations.
Parce que les témoins directs s’en vont, parce que le temps nous dit alors : Comment faire ?
Nous cherchons à poursuivre, sans certitude.
Mais le récit est là.
Et nous pouvons l’entendre.
Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg le 19 mars 1928 à Épinal et morte le 18 septembre 2018 à Paris, est une scénariste, réalisatrice, productrice et écrivaine française. Elle est une survivante de la Shoah, et compagne de déportation de Simone Veil.